Glorieux dans sa faiblesse
La folle espérance des femmes qui ont déclaré l’avoir vu ressuscité a-t-elle vraiment été immédiatement partagée? Je ne peux m’empêcher d’imaginer les disciples plutôt dans le désespoir: cet homme qu’ils avaient pris pour maître, qu’ils avaient suivi, qui les avait convaincus par son enseignement, s’était montré docile, faible. Il était mort crucifié. Et probablement que la mise en scène de sa mort avait atteint son objectif: rappeler la puissance du pouvoir en place.
«Paul est le vrai fondateur du christianisme. C’est lui qui a pensé la théologie de l’absence», pointait l’un de mes professeurs à la Faculté de théologie. Et probablement qu’il a fallu un peu de temps aux premiers chrétiens pour saisir qu’au cœur de la bonne nouvelle se trouve un véritable retournement de valeurs.
Nous vivons une période inquiétante, où les grands de ce monde multiplient les démonstrations de force. A défaut de nous apaiser, la célébration de Pâques devrait nous appeler à l’espoir d’un renversement de valeurs. C’est dans sa faiblesse que Jésus apparaît en grandeur, et c’est parce qu’ils refusent leurs failles que les autoritaires de tous poils devraient en fait nous apparaître comme bien misérables.