La raison du plus fort

La raison du plus fort / ©Mathieu Paillard
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La raison du plus fort
©Mathieu Paillard

La raison du plus fort

Rodolphe Nozière
9 avril 2025
Conte
Aujourd’hui, Mme Pétronille propose à ses élèves une nouvelle poésie, une fable plus précisément, «Le loup et l’agneau», écrite par Jean de La Fontaine.

Les élèves l’écoutent attentivement. Il y est question d’un loup qui mange un innocent agneau après l’avoir accusé de plusieurs choses. 

Le loup sermonne d’abord le pauvre petit animal et lui dit qu’à cause de lui l’eau de la rivière est troublée et qu’il ne peut plus boire une eau claire. L’agneau se défend, prouve sa bonne foi en expliquant qu’il se désaltère très loin du loup et qu’il ne le gêne pas. 

Le loup l’accuse ensuite d’avoir été irrespectueux en disant du mal de lui l’année d’avant, mais le petit agneau n’était même pas né à cette période. 

Enfin, il explique que de toute façon, les agneaux et les moutons, sans oublier les bergers et leurs chiens, lui rendent la vie impossible. Pour conclure la conversation, l’animal sauvage se jette sur l’agneau et l’emporte pour le dévorer dans la forêt. 

Pierre, un des élèves, semble attristé et, surtout, ne comprend pas très bien pourquoi cette fable se finit aussi mal: «D’habitude, les poésies sont plus joyeuses…» 

La maîtresse explique qu’une fable est un type bien précis de texte. A l’époque où elle a été écrite, il était compliqué de critiquer par exemple le roi et les nobles ou leurs comportements inacceptables, et c’est pour cela que Jean de La Fontaine mettait en scène des animaux. 

Après quelques instants, les élèves posent de nombreuses questions. 
– «Maîtresse, pourquoi est-ce que la fable commence par ‹la raison du plus fort est toujours la meilleure›?  
– Le loup est le plus fort de l’histoire? C’est bien cela? 
– Pourtant, il accuse l’agneau à tort et finit par le manger. Pourquoi avoir trouvé autant d’excuses? 
– Il n’avait qu’à le manger immédiatement! 
– Cela veut dire que si l’on est fort, on a forcément raison et que l’on a tous les droits?» 

Mme Pétronille explique la morale de cette histoire, contenue dans la première phrase de la fable. L’auteur voulait montrer que nombre de comportements à son époque, comme l’exploitation de la misère par les riches et les procès qui donnaient raison aux nobles et aux puissants, étaient inacceptables. Ce n’était pas toujours la justice qui l’emportait, mais plutôt le pouvoir et la richesse. L’auteur, ne pouvant pas dire franchement que tous ces comportements l’horrifiaient et le mettaient en colère, espérait instruire les hommes et les amener au changement en mettant en scène des animaux. 

Malgré les explications de la maîtresse, certains élèves se posent encore beaucoup de questions.
- «Est-ce encore comme ça de nos jours? s’inquiète Paul. 
– Pas trop en Suisse, mais dans d’autres pays, ça existe sûrement, ajoute Théodore. 
– Effectivement, dans de nombreuses situations, des gens puissants, riches ou les dirigeants de certains pays abusent de leur pouvoir et se comportent comme le loup de la fable…» soupire Mme Pétronille.

Agenda 

GENÈVE Histoires bibliques, bricolages et rire autour des émotions dans la Bible sont au programme du centre aéré proposé durant la première semaine des vacances d’été des Genevois, soit du 30 juin au 4 juillet, à l’Auditoire Calvin. 

Pour les écoliers jusqu’à la 7P, www.eglise-des-enfants.ch/centre-aere/.